Bibliographie : Manon Istasse, Eating in Northeastern Cambodia

(Je reprends ici, en l’adaptant légèrement, un billet que j’ai publié le 22 janvier 2017 sur Sinogastronomie.)
Manon Itasse est une anthropologue belge, qui a passé plusieurs mois dans le Ratanakiri pour y étudier l’alimentation dans quelques villages de la province. Les résultats de son travail ont été publiés par les éditions White Lotus sous la forme d’un livre intitulé Eating in Northeastern Cambodia – A Socio-Anthropological Approach to Highland Food in Ratanakiri (« Manger dans le nord-est du Cambodge – Une approche socio-anthropologique de l’alimentation des montagnards du Ratanakiri »).
Le livre est un le fruit d’un travail scientifique dont le but était de dresser un tableau aussi exact que possible de l’alimentation dans les hautes terres du nord-est du Cambodge. Il ne s’agit donc pas d’une œuvre littéraire ; le style est donc assez fade et manque d’une élégance qui rendrait la lecture plus agréable. L’anglais dans lequel le livre est écrit n’est pas de bonne tenue, mais je n’ai pas noté d’erreurs majeures.
Cependant, à mon humble avis, le principal défaut de l’ouvrage réside dans la méconnaissance que l’auteure a du Cambodge en général, et de la nourriture cambodgienne en particulier. (Manon Itasse n’a aucune connaissance préalable du Cambodge.) De ce fait, des descriptions sont faites qui semblent parfaitement inintéressantes, car elles portent sur des points qui relèvent de la connaissance la plus élémentaire du pays et de ses habitants. Des connaissances de base relatives au pays, à ses habitants, et à leur alimentation, auraient sans doute permis à l’auteure de réaliser un travail plus pertinent et allant plus en profondeur.
Les répétitions sont également nombreuses, et les erreurs innombrables lorsque l’auteure veut donner les noms en khmer des aliments, ingrédients et autres. Les fautes d’orthographe (en khmer) ne se comptent plus, et les mots donnés en écriture khmère ne correspondent parfois absolument pas aux choses dont il est question.
Cela dit, l’ouvrage n’est pas complètement inintéressant. Il donne des informations précieuses sur l’histoire récente de l’alimentation dans le Ratanakiri, et sur l’évolution de la nourriture des « montagnards » et autres habitants des hauteurs de la province. Les descriptions qui sont faites des problèmes posés aux habitants de la région par l’essor sans précédent des plantations commerciales, qui sont souvent à l’origine de l’accaparement de terres par les sociétés qui exploitent ces plantations, la réduction de la surface occupée par les forêts (qui est une importante source d’aliments pour les villageois), et de la raréfaction des terres disponibles pour l’agriculture sur brûlis traditionnellement pratiquée par les « Khmers Leu » (ខ្មែរលើ, [khmaer leu], les « montagnards »), sont très instructives.
Quelques passages concernant par exemple la fabrication de la « bière de riz » (ou « vin de jarre »), l’alimentation lors des fêtes et cérémonies traditionnelles, les interdits alimentaires, l’organisation des repas, etc., m’ont beaucoup intéressé.
L’ouvrage est édité à Bangkok par White Lotus Press. Il a été publié en 2016. ISBN : 976-974-8495-45-3.
Ci-dessous, la couverture de mon exemplaire :
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