Bibliographie : Bun Chan Mol, Prison politique

J’ai déjà cité à plusieurs reprises un livre de Bun Chan Mol (ប៊ុណ្ណ ចន្ទ ម៉ុល), intitulé Prison politique (គុកនយោបាយ), sous-titré « La révolution de 1942 » (បដិវត្តឆ្នាំ១៩៤២). Cette « révolution de 1942 » désigne la révolte qui eut lieu le 20 juillet 1942 à Phnom Penh, à laquelle participèrent quelque 500 moines et autant de laïcs, évènement qui est « considéré comme la première manifestation anticolonialiste importante du Cambodge ». (Voir sur Wikipedia l’article consacré à Son Ngoc Thanh, ici.) C’est à l’occasion de cette révolte à laquelle il prit part que Bun Chan Mol fut arrêté, puis emprisonné successivement à Phnom Penh, puis à Saïgon (Prey Nokor ព្រៃនគរ) et enfin au terrible bagne de Poulo Condor (l’île est appelée en khmer កោះត្រឡាច Koh Trâlach).
Dans son livre, Bun Chan Mol, fervent nationaliste, raconte les deux années et demie de sa vie comme prisonnier des Français (il fut libéré par les Japonais lorsque ces derniers prirent le contrôle de Poulo Condor en janvier 1945).
L’auteur commence par exposer des vues anti-françaises et ne fait pas dans la demi-mesure quand il critique la politique coloniale et les Khmers qui cherchent à s’occidentaliser.
Le récit de ses séjours en prison, du traitement réservé aux prisonniers, de l’organisation du bagne sont poignants. S’il est parvenu à survivre dans le terrible bagne insulaire, c’est grâce à ses talents de boxeur : lors d’un tournoi organisé au bagne, il parvint à défaire un prisonnier vietnamien, invaincu pendant depuis années. Cet exploit lui permit de bénéficier d’un traitement de faveur, au point qu’il fut nommé caporal et placé à la tête de l’équipe de bagnards chargés d’empêcher les évasions ou de retrouver les évadés.
Prison politique n’a pas encore été traduit en français, mais j’ai connaissance d’un projet de traduction qui devrait aboutir dans un avenir pas trop lointain. J’ai publié la traduction de deux courts passages sur mon blog Sinogastronomie, l’un décrivant la préparation de la viande d’animaux sauvages à Poulo Condor, ici, et l’autre décrivant une scène épique de pêche de nuit, ici.
Un autre extrait a été traduit en anglais et inséré dans le numéro spécial de la revue Manoa consacré à la littérature cambodgienne publié en 2022 par les éditions de l’Université de Hawaï, voir ici.
Bun Chan Mol est rentré de Poulo Condor en ayant conservé intacte sa ferveur nationaliste. Il fut l’un des cofondateurs du mouvement Khmer Iassarak, mouvement de résistance contre le protectorat. Il fut exécuté par les Khmers Rouges après la prise de Phnom Penh.
La version anglaise de Wikipedia consacre à Bun Chan Mol un article en anglais, qui se trouve ici.

Cet article, publié dans Non classé, est tagué , , , , , , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Un commentaire pour Bibliographie : Bun Chan Mol, Prison politique

  1. Anonyme dit :

    Bonjour Pascal, encore un moment de culture érudite et surtout de révélations sur la littérature en Khmer non traduite. Pertinent et important pour qui veut mieux connaître l’histoire du Cambodge. Je connais un peu ce qui s’est écrit en français, mais le volet Khmer me reste hélas ignoré. Merci donc ! continuez !
    Henri Copin

Laisser un commentaire