Lieux de plaisir (4) : FCC Phnom Penh

Le FCC (Foreign Correspondents Club) fait partie de ces lieux mythiques de l’Indochine coloniale ou post-coloniale, qui font rêver les nostalgiques de la « belle époque », qui s’imaginent en Malraux rapatriant en contrebande quelques superbes statues angkoriennes dérobées dans un temple inconnu de la jungle cambodgienne, ou vivant une vie de débauche sous la moiteur de la saison des pluies, en galante compagnie… Pour ma part, en lisant l’expression « Foreign Correspondents Club », je forme l’image mentale d’une faune de journalistes occidentaux, sirotant leur whisky, leur gin ou leur cognac, échangeant les dernières informations concernant l’avancée inexorable des troupes de la guérilla khmère rouge sur la capitale cambodgienne, et tapant sur leurs vieilles machines à écrire des papiers à paraître le lendemain à la une de leurs journaux respectifs à New-York, Londres ou Paris. Sans doute une réminiscence du début du film de Rolland Joffé, La Déchirure
Peut-être est-ce parce que j’étais un peu impressionné par cette image mentale, ou peut-être aussi parce que je ne voulais pas me confronter physiquement à ce mythe en ayant peur qu’il ne résiste pas à l’épreuve de la réalité… quoi qu’il en soit, je n’avais jamais « osé » m’aventurer dans ce lieu, que ce soit lors de mes voyages au Cambodge en 2008 ou 2009, ou depuis mon installation à Phnom Penh début 2010.
Or je tombe un jour par hasard sur une critique gastronomique parue dans un journal anglophone de Phnom Penh, consistant en une étude comparative dûment argumentée de différent établissement phnompenhois proposant pour le petit-déjeuner des œufs Bénédicte. Le FCC arrivait en deuxième position dans le classement, et comme, j’avoue mon ignorance, je n’avais jamais dégusté ce plat, je pris mon courage à deux mains et emmenai tout mon petit monde, un samedi matin, sur le quai Sisovath, pour aller déguster ce mets qui m’intriguait, et par la même occasion me frotter de visu au mythe.
La salle du bar/restaurant, aménagée dans un style très « colonial », est assez agréable, et la vue sur les « Quatre bras » est superbe ! A n’en pas douter, il s’agit d’un lieu agréable, où l’on peut s’asseoir pour siroter un café, prendre le déjeuner ou vider, selon sa nationalité, quelques verres de bourbon, de vin ou de bière, en profitant de la fraîcheur apportée par l’air qui circule abondamment (le salle est largement ouverte sur les côtés qui donnent sur la rue) et les vieux ventilateurs suspendus au plafond. De ce point de vue-là, le FCC de Phnom Penh est véritablement un lieu de plaisir.
Pour ce qui est de la nourriture… disons que la dégustation des œufs Bénédicte me laisse penser que l’auteur de la critique gastronomique susmentionnée soit a eu les papilles engourdies par un amok trop relevé, soit est coupable d’une trop grande complaisance envers le FCC. Quant à Emilie, elle n’a pas été du tout convaincue, c’est le moins qu’on puisse dire, par son pain perdu. Les prix sont en outre scandaleusement élevés (17 dollars pour les deux plats plus les cafés !), et le service très, très désagréable. L’attitude de la serveuse était de celle que l’on rencontre parfois chez ces gens, que ce soit au Cambodge ou ailleurs, qui, travaillant dans un établissement réputé, oublient trop souvent que leur métier consiste aussi à offrir à leur clientèle un service souriant et chaleureux.
Bref, si le FCC est un lieu de plaisir, ce n’est assurément pas grâce à sa restauration !
FCC est en fait un groupe de restauration et d’hôtellerie qui regroupe plusieurs enseignes. Un établissement baptisé « FCC Angkor » est exploité à Siemreap. Pour en savoir plus, je vous invite à aller visiter le site web du groupe FCC, ici.

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