Aquarelle florale : Lys araignée

Le lys araignée (កំភ្លឹង kâm-phleung, Hymenocallis littoralis) est originaire d’Amérique du Sud. Il est aujourd’hui largement présent dans les zones tropicales et subtropicales du monde. Il est cultivé pour la beauté de sa fleur, mais ne peut pas être utilisée comme fleur coupée car il fane rapidement.
L’aquarelle ci-dessous est l’œuvre de TITH Veasna, enseignante à l’Université Royale des Beaux-Arts à Phnom Penh.
(Khmerologie avait consacré en février 2018 un article au lys araignée, voir ici.)

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Vocabulaire : Chèque en bois

D’après le Wiktionary, un chèque en bois est un « chèque sans provision, qui ne peut être encaissé par la banque », en raison de fonds insuffisants disponible sur le compte de l’émetteur dudit chèque, ajouté-je.
Même si aujourd’hui, au Cambodge, personne ou presque n’émet de chèques (chez les particuliers, il est courant de payer ses achats ou des faire des virements grâce à l’application mobile de la banque installée sur le téléphone portable), bon nombre de sociétés préfèrent encore régler les factures par chèque.
Le mot khmer courant pour dire « chèque » est un emprunt du mot français : សែក (saèk). Chuon Nath ignore ce mot, mais Headley le connaît et signale en outre l’expression កុងសែក [kong saèk], « compte chèque », កុង étant bien entendu un emprunt au français « compte ». (Notons que je rencontre très peu d’occurrences de l’expression កុងសែក sur le web cambodgien.)
Comme souvent, un mot savant construit à partir du sanskrit a été inventé pour remplacer le mot d’emprunt : មូលប្បទានប័ត្រ. C’est ce mot qui est utilisé dans la documentation gouvernementale et sur les sites Internet des banques (voir par exemple une page du site web de la banque ACLEDA consacré aux chèques au comptant មូលប្បទានប័ត្រសាច់ប្រាក់, ici), mais il n’est jamais utilisé à l’oral.
Revenons-en à notre chèque en bois : sur une page du site d’information CNC consacrée au problème des chèques sans provision, je trouve l’expression សែកអត់មានសាច់ប្រាក់, « chèque qui n’a pas d’argent comptant », qui me semble correspondre assez exactement à notre « chèque sans provision », mais le titre de ce même article donne une expression populaire courante et plus imagée : សែកស្អុយ, littéralement « chèque qui pue » 😀 (L’article en question se trouve ici).
La photo de « chèque qui pue » ci-dessous a été empruntée au site d’information CRN News (voir ici) :

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Proverbe : Tentations irrésistibles

Dans le roman Sophat (រៀងសូផាត) de Rim Kin, je lis une variante d’un proverbe bien connu : ក្របីនឹងចេក ក្អែកនឹងពងមាន់។
Vocabulaire :
ក្របី [krâ-bei] buffle
នឹង [neung] avec
ចេក [chék] bananier
ក្អែក [k’aèk] corbeau
ពងមាន់ [pong moan] œuf de poule
Il est bien connu, au moins au Cambodge, que les buffles se précipitent vers les bananiers dont ils adorent les feuilles, et que les corbeaux sont friands d’œufs de poule !
Ce proverbe est utilisé pour indiquer que l’on est en présence de quelque chose qui provoque la convoitise, ou encore pour qualifier le fait que deux personnes conviennent parfaitement l’une à l’autre.
Le buffle sauvage d’Asie (Bubalus arnee) est présent au Cambodge :

Sculpture ancienne de buffle d’eau provenant de Lopburi, Thaïlande (conservée au Musée d’art asiatique de Berlin)

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Vidéo : Les bas-relief du temple de Banteay Srei

Le temple de Banteay Srei (ប្រាសាទបន្ទាយស្រី, littéralement la « citadelle des femmes ») est un véritable bijou ! De petite taille, construit en grès rose au Xe siècle, c’est le seul temple majeur de la région d’Angkor qui n’aie pas été construit par un souverain. C’est, de loin, mon édifice préféré de la région d’Angkor. On dit souvent de ses bas-reliefs qu’ils sont comme de la dentelle, tant la finesse de la sculpture est incroyable.
J’ai consacré une courte vidéo avec quelques photos de ce temple. La vidéo se trouve sur la chaîne Youtube de Simili ; vous pourrez aussi y découvrir d’autres vidéos consacrées au Cambodge, en français, anglais et chinois.
N’hésitez pas à vous abonner à la chaîne pour n’en rater aucune !

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Aquarelle florale : Lotus

Le lotus (ឈូក chhuk, Nelumbo nucifera), qui pousse dans la boue sans jamais être souillé, est symbole de pureté. Il est souvent représenté dans les temples khmers. Les pétales de ses fleurs sont pliés de façon élégante pour produire des effets décoratifs très appréciés. C’est aussi une fleur sacrée pour les bouddhistes.
L’aquarelle ci-dessous est l’œuvre de TITH Veasna, enseignante à l’Université Royale des Beaux-Arts à Phnom Penh.

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Lien utile : The Kanitha Show

The Kanitha Show est une chaîne Youtube en khmer qui traite des sujets d’actualité au Cambodge. La ligne se veut objective, et certains sujets des plus délicats sont abordés, comme, tout récemment, le scandale de la société Cambodia Investors Corporation qui a attiré des dizaines de millions de dollars pour des projets qui n’ont pas vu le jour. Cette affaire a eu un retentissement particulièrement grand car des Cambodgiens connus et apparemment en-dessous de tous soupçons sont plus ou moins impliqués.
J’ai regardé aujourd’hui une émission expliquant pourquoi et comment la balance commerciale du Cambodge est déficitaire en Asie orientale, notamment avec le Vietnam. Très intéressant ! (voir ici)
La chaîne compte déjà pas plus de 500 000 abonnés !
Seul reproche mineur : le ton de « Kanitha » est vraiment monotone. En revanche, l’énonciation est parfaite.

The Kanitha Show

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Nouvelle rubrique sur Khmerologie : Plantes du Cambodge

J’ai déjà consacré sur Khmerologie un certain nombre de billets aux végétaux du Cambodge. Les amateurs de flore retrouveront facilement ces articles dans la nouvelle rubrique que j’ajoute aujourd’hui à la barre de menu : Plantes du Cambodge.

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Aquarelle florale : Romduol

La fleur romduol (រំដួល, Sphaerocoryne affinis, syn. Mitrella mesnyi) est, depuis 2005, la fleur nationale du Cambodge. Elle est très connue et appréciée des Khmers, notamment dans la région de Siemreap. On trouve cette fleur sculptée dans les anciens monuments du Cambodgien, notamment sur des colonnes du temple de Banteay Srey.
L’aquarelle ci-dessous est l’œuvre de TITH Veasna, enseignante à l’Université Royale des Beaux-Arts à Phnom Penh.

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Flore : Margousier

J’avais publié sur Sinogastronomie, en juin 2013 un billet consacré à un ingrédient bien connu au Cambodge : la feuille de margousier (voir ici). J’ai également publié sur Tela Botanica, le 7 février 2024, un article plus complet consacré au margousier, voir ici. C’est ce dernier article que je reprends ici.

Parmi les saveurs amères prisées au Cambodge, celle du margousier figure en bonne place dans la palette gustative des Khmers. L’espèce est aussi réputée pour ses vertus pharmacologiques.

Le margousier (ou margosier) (Azadirachta indica), connu aussi sous son nom anglais de neem, fait partie des légumes « exotiques » que l’on découvre lorsque l’on voyage Cambodge. Les Khmers l’appellent « sdav » (ស្ដៅ) et le connaissent bien pour son amertume, encore plus prononcée que celle de la momordique.
A. indica, est l’une des deux espèces du genre Azadirachta (la seconde étant A. excelsa, apparemment inconnue au Cambodge). Le neem est originaire d’Inde et du sous-continent indien. Très tôt, il a été largement diffusé dans toute l’Asie du Sud-Est, et on le trouve aujourd’hui dans toutes les zones tropicales ou subtropicales du monde.
Il s’agit d’un arbre qui peut atteindre 20 à 25 mètres de haut. Son feuillage est persistant. Ses branches s’étendent sur une large surface, de sorte qu’il fait aussi un bel arbre d’ombrage. Son écorce est craquelée. L’espèce est monoïque, mais elle a la particularité d’avoir des fleurs protrandres : les parties mâles et femelles de la fleur arrivent à maturité à des moments différents.

Ecorce du margousier (Photographie : carrotmadman6 from Mauritius, CC BY 2.0)

En gastronomie, on consomme les feuilles et les boutons des inflorescences du neem. Si, en Inde, le neem a de nombreuses utilisations culinaires, comme une soupe dans le sud de l’Inde ou une friture des feuilles au Bengale, au Cambodge, il n’est consommé que de deux façons : soit en salades (ញាំ nhoam), dans lesquelles les feuilles et inflorescences sont détachées des tiges où elle se trouvent, soit comme légume d’accompagnement de sauces trempettes (អន្លក់ ân-luk) ; dans ce dernier cas, les branches sont préalablement blanchies à l’eau bouillante, ce qui permet d’atténuer leur amertume, puis les feuilles et inflorescences sont également détachées des tiges. Les tiges vertes sont écartées, car trop coriaces.

Botte de feuilles et d’inflorescences de margousier (Photographie : Pascal Médeville)
Salade aux feuilles et inflorescences de margousier (Photographie : Pascal Médeville)

Le margousier est également réputé pour ses vertus thérapeutiques. D’après Pauline Dy Phon (cf. Dictionnaire des plantes utilisées au Cambodge, pp. 55-56), « Les feuilles âgées sont insecticides ; elles pourraient aussi remplacer, en temps de disette, la quinine, en rendant l’organisme plus résistant au paludisme. Les écorces surtout sont des succédanés de la quinine. La teinture de l’écorce serait résolutive. Depuis 1994, les graines séchées de « sdau » entrent, en Inde, dans la préparation d’une crème spermicide ; c’est une préparation contraceptive d’application locale. »

Anluk divers et sauce trempette au poisson émietté (Photographie : Pascal Médeville)

Sur la partie de son site consacré aux légumes de Thaïlande, le JIRCAS (Japanese International Research Center for Agricultural Sciences) consacre une page qui présente A. indica (ici), et explique que (je traduis de l’anglais) « le goût amer serait stomachique et fébrifuge. – Les extraits obtenus à partir des graines et des feuilles sont connues comme constituant des insecticides efficaces. Le constituant actif en est un alcaloïde, l’azadirachtine. Les jeunes feuilles et les fleurs contiennent des flavonones isoprényles qui sont antimutagènes (Nakahara 2003) et des triterpénoïdes qui ont un effet cytotoxique contre les cellules cancéreuses (Roy, 2006). » Les jeunes branches de margousier permettraient de soigner les maladies des gencives, de prévenir les caries et de fortifier les dents, aussi trouve-t-on dans le commerce ces branches utilisées en guise de brosse à dents. Le volume I des Plantes médicinales du Cambodge du ministère cambodgien de la Santé explique que les parties du margousier pouvant être utilisées en médecine sont : l’écorce du tronc, l’écorce des racines, les fruits, les graines, la résine et les feuilles.
Enfin, l’huile extraite par pression des graines (impropre à la consommation) est très réputée en cosmétologie : elle permettrait de réduire les cicatrices et les rides et de traiter diverses affections cutanées, telles que : herpès labial, acné, problèmes de collagène…

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Bibliographie : Bun Chan Mol, Prison politique

J’ai déjà cité à plusieurs reprises un livre de Bun Chan Mol (ប៊ុណ្ណ ចន្ទ ម៉ុល), intitulé Prison politique (គុកនយោបាយ), sous-titré « La révolution de 1942 » (បដិវត្តឆ្នាំ១៩៤២). Cette « révolution de 1942 » désigne la révolte qui eut lieu le 20 juillet 1942 à Phnom Penh, à laquelle participèrent quelque 500 moines et autant de laïcs, évènement qui est « considéré comme la première manifestation anticolonialiste importante du Cambodge ». (Voir sur Wikipedia l’article consacré à Son Ngoc Thanh, ici.) C’est à l’occasion de cette révolte à laquelle il prit part que Bun Chan Mol fut arrêté, puis emprisonné successivement à Phnom Penh, puis à Saïgon (Prey Nokor ព្រៃនគរ) et enfin au terrible bagne de Poulo Condor (l’île est appelée en khmer កោះត្រឡាច Koh Trâlach).
Dans son livre, Bun Chan Mol, fervent nationaliste, raconte les deux années et demie de sa vie comme prisonnier des Français (il fut libéré par les Japonais lorsque ces derniers prirent le contrôle de Poulo Condor en janvier 1945).
L’auteur commence par exposer des vues anti-françaises et ne fait pas dans la demi-mesure quand il critique la politique coloniale et les Khmers qui cherchent à s’occidentaliser.
Le récit de ses séjours en prison, du traitement réservé aux prisonniers, de l’organisation du bagne sont poignants. S’il est parvenu à survivre dans le terrible bagne insulaire, c’est grâce à ses talents de boxeur : lors d’un tournoi organisé au bagne, il parvint à défaire un prisonnier vietnamien, invaincu pendant depuis années. Cet exploit lui permit de bénéficier d’un traitement de faveur, au point qu’il fut nommé caporal et placé à la tête de l’équipe de bagnards chargés d’empêcher les évasions ou de retrouver les évadés.
Prison politique n’a pas encore été traduit en français, mais j’ai connaissance d’un projet de traduction qui devrait aboutir dans un avenir pas trop lointain. J’ai publié la traduction de deux courts passages sur mon blog Sinogastronomie, l’un décrivant la préparation de la viande d’animaux sauvages à Poulo Condor, ici, et l’autre décrivant une scène épique de pêche de nuit, ici.
Un autre extrait a été traduit en anglais et inséré dans le numéro spécial de la revue Manoa consacré à la littérature cambodgienne publié en 2022 par les éditions de l’Université de Hawaï, voir ici.
Bun Chan Mol est rentré de Poulo Condor en ayant conservé intacte sa ferveur nationaliste. Il fut l’un des cofondateurs du mouvement Khmer Iassarak, mouvement de résistance contre le protectorat. Il fut exécuté par les Khmers Rouges après la prise de Phnom Penh.
La version anglaise de Wikipedia consacre à Bun Chan Mol un article en anglais, qui se trouve ici.

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